Terre d’Afrique, une marque pour lutter contre la faim

Déclinaison Terre d'Afrique pour la Côte d'Ivoire

FIGARO DEMAIN Une bannière commune et des filières par pays permettent de dynamiser et de rentabiliser la production locale.

D’une belle voix grave et posée, Pathe Amath Sene, spécialiste climat et environnement pour l’Afrique de l’Ouest du Fonds International de Développement Agricole des Nations Unies (FIDA), déroule, étape par étape, un plan vital pour la sécurité alimentaire de la Côte d’Ivoire et, à terme, du continent.

Ingénieur agronome de formation, il fédère plus de 32 000 petits producteurs, souvent des femmes et des jeunes, qui cultivent moins de 2 hectares de terre de manioc broyé en semoule – appelée attiéké -, de riz, de mangues… Son ambition : améliorer la productivité et les revenus des paysans installés à l’ouest et au nord, régions enclavées et déshéritées du pays.

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À Abidjan, le prix de la baguette a doublé

« Ces agriculteurs vendent en vrac, à prix bas, et perdent une partie de leur travail, regrette Pathe Amath Sene. Une marque et un packaging permettent d’atteindre la classe moyenne via les supermarchés des villes. »

En 2019, il rencontre Sylvia Vitale Rotta, co-fondatrice de l’agence de design Team Creatif, basée à Paris. Cette dernière fonce tête baissée dans le projet, par passion pour la région du Kilimandjaro, où elle a grandi. Aujourd’hui, elle signe un logo jaune et noir avec un éléphant en majesté : « Terre d’Afrique fonctionne comme une bannière commune. Ensuite, la marque est déclinée au fur et à mesure de l’ouverture de filières : Terr’Ivoire, puis bientôt Terre Sénégal, Terre Tanzanie, Terre Kenya… Nous avançons pas à pas. »

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Pour éviter de polluer avec du plastique, Team Creatif a conçu des sachets zippés en papier recyclé, avec une protection à l’intérieur, qui préservent la fraîcheur des aliments. Plus attractifs et antigaspi, ces produits rapportent deux fois plus aux producteurs que ceux vendus dans la rue. Rien que dans la mangue, 5 000 petits exploitants sont concernés par l’innovation et leurs gains sont réinvestis dans l’achat de champs, de fertilisants ou encore la mécanisation.

Produire plus et mieux s’avère urgent. La guerre en Ukraine fragilise notamment le Bénin, le Sénégal, le Burkina Faso, très dépendants du blé d’Europe de l’Est. « La majorité des pays africains, y compris la Côte d’Ivoire, subissent une forte inflation, confirme Pathe Amath Sene. À Abidjan, le prix de la baguette de pain a doublé. Il est vital de consommer moins de céréales importées et davantage de productions locales. Par exemple, fabriquer du pain avec des farines de mil ou de sorgho. » Substitué les variétés endémiques pour lutter contre les pénuries, une idée en germe qui ne demande qu’à prospérer.

Cet article a d’abord été publié sur Figaro Demain